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Péricardite : ce qu'il faut savoir

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 Péricardite : ce qu'il faut savoir  Empty Péricardite : ce qu'il faut savoir

Message par Heartdrake Ven 25 Fév 2022 - 10:36

La péricardite est une inflammation du péricarde, membrane qui enveloppe le cœur. Le plus souvent d’origine virale, elle se traite par anti-inflammatoires. Toutefois, certaines complications peuvent être fatales. Respiration difficile, état grippal et palpitations sont des signes d’alerte. Explications.


Définition

La péricardite est une inflammationdu péricarde, membrane qui enveloppe le cœur. « Elle se caractérise par un gonflement du péricarde et par un excès de liquide entre le cœur et le péricarde (nous parlons d’épanchement péricardique) », expose le docteur Grégory Schoukroun, cardiologue à la clinique du Mont-Louis à Paris.

Qu'est-ce que le péricarde ? Quel est son rôle ?

Pour rappel, le péricarde a pour rôle de soutenir le cœur et d’en amortir les battements. Il se compose de deux feuillets de tissu fibreux séparés par un espace étroit. Le feuillet interne recouvre le cœur telle une peau. Le feuillet externe est quant à lui, beaucoup plus lâche. Un liquide remplit l’espace entre les deux feuillets servant de lubrifiant entre le cœur et le sac qui l’enveloppe. Ce liquide (dont la quantité varie entre 30 et 50 ml) est sécrété lorsque le cœur se contracte.
En cas de péricardite, ce liquide augmente parfois jusqu’à empêcher les contractions du cœur. Une difficulté respiratoire, des troubles du rythme cardiaque et une gêne voire une douleur thoracique sont des signes d’alerte.

Quels sont les différents types de péricardites ?

  • Lorsque les symptômes disparaissent au bout de trois mois grâce aux traitements, nous parlons de péricardite aiguë.
  • Toutefois, si les symptômes s’étendent sur une plus longue période ou connaissent des complications (comme des œdèmes ou une insuffisance cardiaque), nous parlons de péricardique chronique.
  • Enfin, la péricardite récurrente idiopathique se caractérise par la récidive de la douleur après la rémission d’un premier épisode. Lorsque l’intervalle entre le premier épisode et la récidive est supérieur à six semaines, nous parlons de forme intermittente. La forme persistante correspond au cas d’une récidive rapide (dans un laps de temps inférieur à 6 semaines), après l’arrêt des traitements du premier épisode.

Les traitements consistent à soulager l’inflammation et à évacuer le liquide.

Causes : pourquoi a-t-on une péricardite ?

Origines de la péricardite aiguë

La péricardite aiguë est infectieuse dans la majorité des cas :
  • Dans 85% des cas (source 1), la cause est virale (péricardite virale), liée aux entérovirus (coxsackies A et B), echovirus, adénovirus, cytomégalovirus, parvovirus B19, Epstein-Barr, herpès, VIH, hépatite C, influenza… Dans ce cas, elle est d’évolution favorable.
  • La péricardite est plus rarement due à une bactérie. On parle de péricardite purulente : elle représente 7% des cas. Les germes sont : les staphylocoques, les pneumocoques, les streptocoques, les bacilles Gram négatif et le plus souvent le bacille de Koch (c’est-à-dire la tuberculose)… Ces péricardites sont en nette diminution et touchent essentiellement les sujets immunodéprimés ou porteurs d’une infection sévère (septicémie, affection pleuropulmonaire après chirurgie cardiaque ou thoracique…). Le pronostic est sombre.
  • Il existe aussi des péricardites fongiques, essentiellement dues à Histoplasma, Aspergillus, et Candida chez les patients immunodéprimés.

La péricardite aiguë est auto-immune dans 2% des cas, « comme en cas de lupus érythémateux systémique ou de polyarthrite rhumatoïde. Une myocardite peut alors être associée », précise le praticien. D’autres pathologies sont concernées telles que la sclérodermie, la périartérite noueuse, la dermatomyosite…
La péricardite aiguë  peut aussi être consécutive à un infarctus du myocarde. Pour rappel, l’infarctus du myocarde est une lésion de nécrose d’une portion de tissu du myocarde (partie moyenne de la paroi cœur). Le risque de complications (dont fait partie la péricardite) dépend souvent de la localisation et de l’étendue de la partie du tissu non vascularisé. La péricardite précoce survient généralement entre 3 à 5 jours après l’infarctus, elle est d’évolution favorable. La péricardite tardive se déclare entre 2 et 16 semaines après un infarctus. Elle associe parfois une fièvre, une pleurésie, une arthralgie et un syndrome inflammatoire (nous parlons de Syndrome de Dressler) .
La péricardite aiguë peut être post-chirurgicale : elle peut survenir dans les jours, semaines ou mois qui suivent une chirurgie ou transplantation cardiaque. C’est notamment le cas du syndrome post-péricardotomie qui suit une incision chirurgicale du péricarde afin d’en évacuer le liquide, en cas d’inflammation ;
Elle peut aussi résulter d’une dissection aortique (affection rare et grave caractérisée par l'irruption de sang à l'intérieur de la paroi de l'aorte) ;  
Elle peut encore être :
  • traumatique : en cas de traumatisme thoracique ou cardiaque. Un traumatisme peut être la conséquence d’une intervention médicale comme la pose d’un cathéter, la pose d’un stimulateur cardiaque…
  • médicamenteuse : elle peut être liée au procaïnamide, l’hydralazine, la phénytoïne, l’isoniazide, la pénicilline, le minoxidil, la doxorubicine.  Nous parlons de péricardite postactinique.
  • liée à un rhumatisme inflammatoire aigüe qui est une complication inflammatoire d’une infection des voies aériennes supérieures par le streptocoque B-hémolytique du groupe A ou d’une scarlatine non traitée.
  • liée à une hypothyroïdie (notamment en présence d’un myxœdème) ;
  • liée à l’irradiation thoracique (dans le cadre d’un cancer).


Origines de la péricardite chronique

Elle peut être : 
  • liée à une insuffisance rénale chronique : Il faut distinguer la péricardite urémique survenant chez des insuffisants rénaux sévères non encore dialysés ou dans les premières semaines suivant la mise en route de la dialyse  et la péricardite chez le patient dialysé au long cours (elle témoigne le plus souvent d’un traitement épurateur inadapté).
  • liée à un cancer (ou néoplasiques) : il peut s’agir d’une tumeur primitive du péritoine ou d’un autre cancer (cancer bronchique, cancer du sein, mélanome, leucémie, lymphome, sarcome de Kaposi (souvent diagnostiqué chez les personnes atteintes du sida)…) ;
  • liée à une péricardite aiguë mal prise en charge.

Origine de la péricardite récurrente idiopathique

  • Elle constitue une récidive d’un premier épisode de péricardite aiguë.
  • Des mécanismes auto-immuns sont aussi suspectés notamment en cas de péricardites récidivantes et secondaires à des infections bactériennes.

Quels sont les symptômes d'une péricardite ?

Les symptômes varient en fonction de type de péricardite.

Symptômes de la péricardite aiguë

Les symptômes sont de survenue brutale ressemblant à une infection virale (comme une grippe) :
  • La fièvre modérée est le premier symptôme. À noter que la fièvre est moins fréquente chez le sujet âgé ;
  • Sudation excessive ;
  • Douleurs articulaires et musculaires (myalgies) ;
  • Douleurs thoraciques prolongées et résistantes à la trinitrine (vasodilateur utilisée contre l’angine de poitrine). La douleur est le plus souvent unilatérale (à gauche et irradie dans l’épaule et la mâchoire) ;
  • Difficultés respiratoires (dyspnée) « Elles peuvent être soulagées lorsque le patient change de position et notamment en position assise et penchée en avant », selon le docteur Grégory Shoukroun ;
  • Toux sèche, enrouement ;
  • Parfois un hoquet ;
  • Troubles du rythme cardiaque : tachycardie de repos, palpitations et accélérations cardiaques. Parfois, il peut aussi y avoir des ralentissements soudain du rythme cardiaque qui peuvent aller jusqu’à l’arrêt cardiaque ;
  • Vertiges, syncopes, perte de connaissance ;
  • Épanchement pleural c’est-à-dire l’accumulation de liquide dans la cavité pleurale (située entre les poumons et la paroi du thorax). Il en résulte souvent des s difficultés respiratoires.



Symptômes de la péricardite chronique

Avec le temps de nouveaux symptômes s’ajoutent à la liste des signes cliniques de la péricardite aiguë. Ils sont la conséquence de la constriction du cœur liée à l’accumulation de liquide dans le péricarde et à l’épaississement de ce dernier.
  • Une fatigue et une altération de l’état général plus prononcées ;
  • Des œdèmes ;
  • L’ascite (accumulation de liquide dans la cavité abdominale. Elle donne une impression de ventre gonflé et dur) ;
  • Une insuffisance cardiaque ( dont les symptômes sont un essoufflement, un abdomen gonflé, une toux grasse, …)

Conseils de prévention

"Il n'existe pas de réel moyen de prévenir la péricardite. Il est recommandé de contacter le service des urgences ou de consulter rapidement un médecin en cas de symptômes évocateurs", selon le Dr Grégory Schoukroun, cardiologue. 

Examens

L’examen clinique

L’observation de symptômes cliniques évocateurs et l’interrogatoire peuvent alerter le médecin sur une péricardite éventuelle.

Examens complémentaires

Afin de confirmer le diagnostic, le médecin peut prescrire :
  • Un électrocardiogramme (EGG) ;
  • Un bilan biologique (examens sanguins) :

*marqueurs inflammatoires : NFS, VS, CRP ;
*marqueurs d’une nécrose (qui peut orienter vers une myocardite associée) : troponine I ou T, CPK-MB ;
*ionogramme sanguin (urée, créatinine) ;
*hémoculture en cas de fièvre ;

  • une échocardiographie cardiaque ;
  •  une radiographie thoracique (elle peut révéler un épanchement dans la cavité pleurale associé) ;

Si le diagnostic est confirmé, le patient devra bénéficier d’un suivi cardiologique.
Le cardiologue pourra prescrire d’autres examens complémentaires (scanner thoracique, IRM cardiaque…).
  • Une ponction péricardique est prescrite en cas de tamponnade, de forte suspicion de péricardite néoplasique et en présence d’un épanchement péricardique abondant, symptomatique et résistant aux traitements. 
  • Des analyses à réaliser sur les prélèvements du liquide péricardique notamment en cas de suspicion de péricardite aiguë purulente peuvent être réalisées.

En cas de signes aigus et d’apparition brutale, il est recommandé de consulter un médecin ou de se rendre directement au service des urgences.

Traitements d'une péricardite

La péricardite peut nécessiter une hospitalisation (et du repos) en cas de fièvre élevée, d’une baisse d’immunité (baisse du nombre de globules blancs) ou en cas de contexte post-chirurgical ;
Le traitement de la péricardite et de la douleur thoracique :
  • Les AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens) surtout l’ibuprofène 300-800 mg les 6-8 heures ou aspirine 300-600 mg toutes les 4-6 heures. L’arrêt de ces traitements est progressif au bout d’un mois (de préférence après la réalisation d’une échographie afin de confirmer l’absence d’épanchement de liquide dans le péricarde).  Les corticoïdes ne sont pas indiqués en raison du risque de réplication virale.
  • Une protection gastrique est aussi associée : la colchicine (0,5 mg, deux fois par jour) seule ou en association à l’ibuprofène, calme la douleur et diminue les récidives. Les doses sont divisées par deux (0,5 mg par jour) chez les moins de 70 kg, les plus de 70 ans, et en cas d’insuffisance rénale.

Attention, de nombreuses interactions médicamenteuses potentiellement graves sont à prendre en compte (via le cytochrome P450, macrolides, ciclosporine, vérapamil, statines). Une surveillance biologique stricte est à prévoir dans ces situations.

Quels traitements en cas de complications ?

  • « L’une des complications à craindre est la tamponnade : il s’agit d’une compression brutale du cœur par épanchement péricardique, pouvant provoquer une mort subite. La tamponade constitue une urgence médicochirurgicale avec hospitalisation en soins intensifs de cardiologie. », selon le cardiologue. Plusieurs interventions peuvent être pratiquées : un remplissage par macromolécules, une ponction péricardite guidée par échocardiographie , un drainage péricardique chirurgical. À noter que tout traitement par anticoagulants peut être interrompu.
  • En cas d’infection bactérienne, il est prépondérant de traiter celle-ci par antibiothérapie afin d’éviter tout risque de complication (abcès, septicémie..) ;
  • La myocardite (inflammation du myocarde) doit aussi être évitée. La précocité du traitement permet de ne pas être confronté à une telle complication ;
  • L’insuffisance cardiaque peut être une complication de la péricardite chronique. Elle doit-être traitée séparément ;
  • Les risques de rechutes sont difficiles à éviter (péricardite récidivantes) : un suivi médical est recommandé après un premier épisode afin de pallier ce risque.


Source de l'article : https://www.santemagazine.fr/sante/fiche-maladie/pericardite-875904


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