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Elles ont entre 17 et 43 ans et ont fait une crise cardiaque

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Elles ont entre 17 et 43 ans et ont fait une crise cardiaque Empty Elles ont entre 17 et 43 ans et ont fait une crise cardiaque

Message par Heartdrake Jeu 5 Mai 2022 - 9:02

L'infarctus du myocarde n’est plus l'apanage des hommes de plus de 60 ans. Nos témoins, toutes des femmes de moins de 50 ans, ont été frappées par une crise cardiaque. Les spécialistes l'affirment : l'évolution des maladies cardio-vasculaires chez les femmes jeunes est alarmante.



En France, 16 001 personnes sont mortes d’un infarctus du myocarde en 2021, dont 42% de femmes, d’après Santé Publique France. “Cette maladie ne concerne plus seulement les hommes de plus de 60 ans”, affirme d'emblée Johanne Silvain, professeur cardiologue à l’Hôpital Pitié-Salpêtrière.
Alors que l'on sait que la probabilité de subir un accident cardiaque augmente après la ménopause, on observe en parallèle une augmentation des maladies cardiovasculaires chez des femmes de plus en plus jeunes. “Quand l’âge de l’infarctus chez les hommes est stable depuis au moins 40 ans, on voit que l'âge moyen diminue chez les femmes”, alerte le médecin, membre du groupe de recherche ACTION-coeur.
Un constat que rend également l'association Agir pour le Cœur des femmes, qui parle d’une “progression alarmante”

En cause selon les spécialistes ? Une part de génétique, le stress induit par nos modes de vie, mais aussi un suivi médical insuffisant des femmes, encore trop peu conscientes des risques qu'elles encourent.
A 17, 27 et 43 ans, nos trois témoins ont été victimes d'une crise cardiaque. Pour alerter, elles ont accepté de raconter leur histoire.

Anna a fait une crise cardiaque à 17 ans : "Au départ, on m'a ignorée"

“J’ai toujours eu une petite santé. J’étais souvent malade et à chaque fois que je consultais, on me disait toujours que je n’avais rien, que c’était sûrement le stress. Le matin du 1er janvier 2020, j’ai ressenti de fortes douleurs au bras gauche. Je savais que ce n’était pas la fête de la veille qui avait causé ça parce qu’ayant déjà une douleur dans le creux de la main à ce moment-là, je n’avais pas beaucoup profité et j’étais rentrée tôt.
Le lendemain au réveil, j’ai ressenti comme des courants électriques dans le bras, jusque sous l’aisselle. Une souffrance comme je n’ai jamais eu. Je me suis rendormie jusqu’à quinze heures. En me réveillant dans l'après-midi, je n’avais plus mal. Mais le surlendemain matin, la douleur était encore plus vive.
Ce sont les prises de sang qui ont permis de détecter une infection du cœur.
J’ai été admise à l’Hôpital de Romorantin-Lanthenay (41) où l’on m’a presque ignorée. On m’a dit que "des gamines comme moi qui simulent", ils en voyaient tous les jours. On m’a fait passer une radio des poumons sur laquelle il n’y avait rien. Ce sont les prises de sang qui ont permis de détecter une infection du cœur.

J’ai été transférée au centre de cardiologie d’Orléans (45). C’est là qu’on m’a dit que j’avais fait un infarctus du myocarde mais qu’étant jeune, la lésion au niveau des tissus cardiaques était petite. J’y suis restée une semaine et tous les jours, je voyais un cardiologue différent.
J’ai d’abord reçu un mauvais traitement, puis je me suis fait réprimander parce que je manifestais ma douleur. Mon dossier a été malmené. Les jeunes ne sont pas assez considérés dans les services d’urgence.”

Gwendolyne a fait une crise cardiaque à 27 ans : "Je n'entrais dans aucune des cases"

J’ai eu des douleurs assez aléatoires jusqu’à trois semaines avant l’accident. Que ce soit lorsque je mangeais, que je marchais, que je faisais du vélo… J’ai commencé à avoir de fortes douleurs au niveau de la poitrine et le bras gauche engourdi. Je ressentais une oppression, j’étais essoufflée. J’en pleurais.
Je n’avais ni cholestérol, ni diabète. Un médecin a regardé mon cœur, et m’a dit qu’il n’y avait rien, que c’était sûrement dû au stress. Je me suis vraiment sentie incomprise. J’ai fini par me demander si les douleurs existaient vraiment, ou n’étaient que dans ma tête.

En allant me coucher, une douleur intense m’a littéralement transpercé le dos et la mâchoire. J’ai eu envie de vomir, des douleurs intestinales et des vertiges. Je me suis vraiment dit que j’allais y passer. Mon copain m’a trouvée inconsciente dans la salle de bain. Le Samu est arrivé quinze minutes plus tard.
Tout a changé dans ma vie après l’accident : mon rythme est différent, j’ai dû limiter le sport, j’ai du mal à me concentrer …
Comme on était en juin 2021, on a d'abord suspecté que ça puisse être la Covid-19. Ma tension était basse et j’avais envie de dormir. Puis les médecins m’ont annoncé que j’avais fait un infarctus du myocarde, et qu’ils avaient douze heures pour m’opérer.

À l’annonce du diagnostic, je me suis sentie soulagée. Je me suis dit que je n’étais pas folle. Comme mon artère était bouchée, il a fallu faire un pontage pour retirer le caillot sanguin. On m’a posé un stent, qui est comme un petit ressort qu’on met dans l’artère pour la maintenir ouverte.
À l’heure actuelle, on ne connaît toujours pas les causes de cette crise cardiaque. Je suis un cas de recherche, et je fais régulièrement des examens au Centre Hospitalier d’Urgence de Lille (59). Le médecin a dit que j’étais l’une de ses plus jeunes patientes et que je ne rentrais dans aucune case. Si bien qu’ils ont dosé mon traitement comme si j’avais 60 ans, à base de 10 cachets par jour. 
Aujourd’hui, j’ai encore parfois des douleurs, mais mes analyses sont bonnes. Tout a changé dans ma vie après l’accident : mon rythme est différent, j’ai dû limiter le sport, j’ai du mal à me concentrer… Mon pire ennemi, c’est la fatigue. Je suis très souvent essoufflée.
Moralement, je ne vis pas dans l’angoisse. Je relativise. Je n’y pense presque jamais. J’ai été très bien entourée."

Chantal a fait une crise cardiaque à 43 ans : "Je n'arrive plus à aller courir, je suis vite fatiguée (...) Ça isole"

“Je cumulais beaucoup de facteurs de risques à ce moment-là. Je fumais, je prenais la pilule, j’étais stressée, mais je faisais beaucoup de sport. J’avais l’habitude de courir une heure tous les matins. Un jour, j’ai ressenti une douleur à la poitrine en courant, alors je n’ai pas insisté et me suis arrêtée.
Peu de temps après, lorsque la douleur s'est manifestée à nouveau, je me suis inquiétée. J’ai été à l’Hôpital Saint-Louis à Paris et à la pharmacie, on m’a dit que ce n’était rien. J’ai même fait un électrocardiogramme : rien. 
Un jour, lorsque j’étais au bureau, j’ai été prise de fortes nausées. Mes collègues ont appelé les pompiers qui ont dit que j’étais en train de faire une crise de panique, et m’ont conseillé de prendre un sac plastique et de souffler dedans. Étant sujette à ce type de crise à l’époque, je savais que ce n’était pas ça. Après un nouvel appel, les urgences sont arrivées une heure plus tard. 
À l’Hôpital Tenon à Paris, on m’a fait faire une prise de sang. C’est à ce moment-là qu’on m’a annoncé que j’étais en train de faire un infarctus du myocarde. J’ai eu des douleurs à la poitrine qui m’ont rappelé lorsque l’air frais rentre dans les poumons, pendant la course à pied. 
On m’a clairement dit que le sport m’avait sauvé la vie. Depuis ce jour, j’ai définitivement arrêté la cigarette. 
Le cardiologue m’a endormi le bras afin de déboucher l’artère. La douleur s’est envolée. J’ai quand même été placée en soins intensifs pendant trois semaines. On m’a clairement dit que le sport m’avait sauvé la vie. Depuis ce jour, j’ai définitivement arrêté la cigarette
Je me sentais affaiblie et anxieuse. Une assistante sociale m’a conseillé d’aller dans un centre de réadaptation cardiaque et ça a tout changé. J’ai été rassurée, j’ai pu rééduquer mon cœur avec le sport, et j’ai retrouvé confiance en moi. 
Comme je suis issue de la DDASS, je n’avais pas accès à mes antécédents familiaux. En faisant des recherches, j’ai découvert que certains de mes oncles avaient succombé à un infarctus du myocarde.
Alors en rentrant chez moi, j’avais peur que ça recommence, peur de monter les escaliers. À la moindre douleur, je filais aux urgences, je faisais des crises d’angoisse fréquemment.
Encore aujourd’hui, c’est difficile. Je n’arrive plus à aller courir, je suis vite fatiguée, j’évite toute situation de stress. Ça isole, forcément. Avoir un traitement à vie me rappellera toujours que la maladie est là, que je ne suis pas guérie. Mais au moins, aujourd’hui, je ne m’encombre plus de futilité. Je vis pour moi.”

Cholestérol, stress, hérédité : les causes fréquentes de la crise cardiaque chez la femme

L'infarctus du myocarde, qui est l’une des causes de la crise cardiaque, survient lorsque le cœur n’est plus assez oxygéné. Cet accident cardiaque se produit lorsqu’une des artères qui l’irrigue se bouche ou diminue brutalement de diamètre. 
Dans 90% des cas, l’infarctus est dû à la rupture d’une plaque d’athérome”, explique le Pr Johanne Silvain. Ces plaques de graisse se détachent de la paroi interne des vaisseaux sanguins et viennent obstruer l’une des artères coronaires, provoquant l’asphyxie d’une partie du cœur.
Contrairement à l’idée que l’on peut s’en faire, la crise cardiaque ne se caractérise pas systématiquement par une douleur oppressante et fulgurante à la poitrine ou au bras gauche. “L’infarctus du myocarde peut durer dans le temps, et causer chez certaines femmes des nausées, des douleurs digestives ou provoquer un malaise”, détaille le Pr Johanne Silvain. 
Si les dépôts de graisse dans les artères liées à un cholestérol trop élevé sont communs dans les cas d’infarctus du myocarde, d’autres causes comme le diabète, l'obésité, l’hypertension artérielle, le tabac ou l’alcool sont d’autres facteurs fréquents.
Dans les cas moins fréquents, on peut aussi citer l’exposition au stress ou la prise de pilule comme facteurs potentiels de risques.”Chez une femme de 30 ans, la probabilité de faire un infarctus du myocarde est multipliée par 2,2 sous contraception œstro-progestative”, assure le Dr Claire Mounier-Véhier au Figaro.
Dernière cause possible, et non des moindres, la génétique. Un mode de vie actif et sain ne peut donc pas préserver assurément d'un tel accident cardiaque. "Pour 50% des gens ayant subi un infarctus, c’est inné. C’est la faute à pas de chance”, se désole le Pr Johanne Silvain

Les femmes jeunes peuvent donc aussi y être confrontées, d'autant plus lorsqu'un parent proche (père, mère sœur, frère) en a lui/elle même été victime avant l’âge moyen. “Dans ce cas, il est nécessaire pour les femmes de se faire dépister 10 ans avant l’âge du diagnostic de ce parent. Car la rupture de plaque d’athérome a lieu en général dix années avant l’infarctus”.

Source de l'articleCrise cardiaque chez les femmes jeunes : témoignages - Marie Claire

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